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n°13

A propos de l'affaire Buffalo Grill

Fraudeurs? Possible. Coupables? Peut-être.

Assassins? Non, Madame le Juge !

Donc Monsieur le PDG de Machin-Découpe est en prison et celui de la maison mère de cette filiale de Buffalo Grill au poste d'interrogatoire. Ca me rappelle quelque chose figurez-vous.

Comme dans le cas de Claude et Gilles Demeulenaère, un représentant de la justice s'est cru autorisé d'incarcérer une ou des personnes soupçonnées d'atteinte à l'intégrité physique d'autrui. Et d'en faire publier urbi et orbi par médias complices interposés la raison : en clair une tentative d'assassinat. L'arme du crime? Des hamburgers, fabriqués par une filiale de Buffalo Grill, spécialisée dans l'importation de viandes provenant de l'étranger, destinées à fabriquer des hamburgers et autres cheeseburgers destinés à des accrocs du fast-food.

Sans doute se trouve-t-on là en présence de quelque traffic international lucratif pour ceux qui le pratiquent, la traçabilité d'un morceau de boeuf provenant d'un pays n'étant pas difficile à mettre en défaut, quand les marchandises traversent les frontières-passoires de l'Union Européenne aussi facilement que les immigrés clandestins venus du Kurdistan ou de l'Afrique du Sud. Et il est évident que les faux sauf-conduits destinés à permettre à la viande d'arriver à destination sont plus faciles à établir et moins chers à obtenir que des faux-papiers d'identité...

Ce qui étonne, ce n'est pas tant la gravité de l'infraction que la publicité qui lui a été donnée. Comme si l'on voudrait par là justifier certaines attitudes injustifiables, du type de celle qui consiste à tenter de traîner devant les tribunaux les agents chargés de garantir aux consommateurs la sécurité des denrées qui arrivent dans leur assiette, ce qui est logique et louable après tout, et surtout les autorités responsables de ces agents de contrôle, l'Etat en l'occurrence, afin de les mettre en cause. Dans l'espoir inavoué de mettre à l'ombre quelques lampistes et de faire cracher à leur employeur des indemnités confortables pour éteindre un pretium d'une doloris à laquelle on compatit volontiers de toutes ses forces, mais qu'il serait bon de crédibiliser en indiquant la fondation sans but lucratif à laquelle on le destine, au cas où.

Tout cela n'est pas sérieux, parce que ce n'est pas prouvé de façon scientifique. Il ne suffit pas de faire peur à l'opinion publique en essayant d'établir une relation de cause à effet entre l'éventualité peu probable de la contamination des viandes britanniques sous embargo au principe de la super-précaution, pour que la réalité de la relation de cause à effet entre l'ingestion d'une viande potentiellement "contaminée" et le déclenchement 5 ou 10.... 50 ans ans plus tard d'une maladie terrible soit établie. Il est en effet un fait incontournable : on n'a pas réussi, et Dieu sait combien de scientifiques s'y sont essayés, à prouver la présence des prions bovins pathologiques dans les muscles des animaux atteints de la maladie de la vache folle, encore moins d'obtenir que l'ingestion de ces prions pathologiques puisse conduire au déclenchement d'une variante nouvelle de maladies connues depuis des siècles, sans qu'on ait jamais soupçonné un lien entre ces affections chez l'animal et le déclenchement des mêmes symptômes chez les personnes qui côtoyaient ces animaux atteints.

Près de deux ans et demi après leur incarcération de 7 semaines et au secret dans les geôles de notre République, MM. Demeulenaère père et fils attendent toujours que le successeur du juge d'instruction en charge de leur affaire au moment des faits daigne enfin se décider à les inculper (en bonne et due forme). Toujours sous contrôle judiciaire, provisoire sans doute, et empêchés de la sorte d'exercer leur métier.

Souhaitons que les acteurs de l'affaire en cours voient leur sort fixé dans des délais plus raisonnables, et que leur maintien en prison ne soit pas justifié par la nécessité d'avoir à prouver leur incarcération. Parce que l'arme du crime, ce prion omnni-absent des viandes de boeuf provenant de la perfide Albion, on n'est pas prêt de le retouver dans la bidoche servie par les fast-foods.

Pourtant, avant-hier matin, le speaker matinal d'Europe 1 chargé de nous faire partager les informations de la nuit a affirmé qu'il y avait actuellement 117 personnes malades de la maladie de Creutzfeldt-Jacob en Grande-Bretagne, confondant la mortalité (pas prouvée dans tous les cas d'ailleurs) due à la maldie de Creutzfeldt-Jacob entre 1995 et 2002. On le sait : l'information n'a rien à voir avec l'objectivité. Et cela est sans conséquences pour celui qui se trompe, sciemment ou non. Au même bulletin d'informations, il était fait état d'une information de la Dépêche du Midi selon laquelle l'explosion de l'usine d'AZF à Toulouse était due à un sinistre traffic de quelques kilos de chlore destiné à la désinfection de piscines recéleuses et entreposés par mégarde (et par ignorance) à portée de centaines de tonnes d'ammonitrate explosif. On a eu beau démentir depuis, de deux choses l'une : ou bien c'est vrai et on se demande comment, à l'aune ce ce que la justice a décidé dans cette affaire Buffalo Grill, pourquoi les employés indélicats d'AZF ne soient pas encore à l'ombre: ou bien c'est impossible, et l'information est fausse, et son "rapporteur" dans les colonnes du journal est coupable de propagation de fausse nouvelle...

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