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72 ANS DE PETITS BONHEURS !

Né dans une petite ferme du plateau cauchois, à trente kilomètres du Havre, ce petit-fils et fils de fermier passe toute son enfance dans l'exploitation familiale et apprend à lire à l'école de son village, avec la quarantaine d'enfants en âge scolaire, qui s'y rendent cinq jours par semaine, par tous les temps et par les routes cailloutées qui sillonnent la campagne. Il est reçu au Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires en juin 1944.

Les Allemands occupent le "carreau" et la salle de classe est réquisitionnée par les soldats qui séjournent au château et dans ses dépendances. Les cours de l'unique classe sont donnés dans la salle de la mairie par la maîtresse qui a appris à lire à tous depuis la fin de la guerre de 14-18. Une vingtaine de gosses de "réfugiés" sont scolarisés dans la salle des fêtes qui se trouve à environ un kilomètre de là, par "leur" enseignante.

Avec quelques rudiments de grammaire et de syntaxe latines dispensés par le curé au presbytère et le peu d'Anglais appris lors de la fréquentation des Américains et des Canadiens anglophones, qui ont remplacé les anciens occupants après la destruction et la "libération", du Havre, il entre en classe de cinquième au collège privé de Roncherolles, situé à 7 kilomètres du domicile familial, et il va s'y rendre à vélo chaque jour pendant les cinq années qui suivent.

Après de solides "humanités" classiques (latin-grec-philosophie), sanctionnées par une mention "assez bien" au bac philo de l'Université de Caen en 1948, il passe une année à la faculté de Rouen à étudier une licence de lettres classiques (propédeutique lettres), puis change d'orientation pour entamer des études scientifiques en préparant le concours des Ecoles Nationales Vétérinaires, dont il est reçu major de promotion en 1952 (environ 200 admis dans les 3 écoles vétérinaires d'Alfort, Lyon et Toulouse sur plus de 800 candidats à l'époque).

Il apprend ainsi les connaissances nécessaires à l'exercice de sa future profession à l'Ecole d'Alfort, organise la garden-party annuelle en 1955 avec les copains de promo (on a fait venir Charles Trénet!), devient le Président du Cercle des Elèves, et aménage un foyer pour les étudiants, en faisant déménager la noire poussière des appareils "obsolètes" remisés dans les sous-sols des bâtiments de la "Médecine", remplacés bientôt par un foyer, dont les murs fraîchement repeints par les bonnes volontés, hébergent bientôt une machine à café flambant neuf, deux baby-foot, une salle de judo et et un coin télé, financés par les fabricants de produits vétérinaires.

28 longs mois d'armée, dont 18 à la tête d'un peloton cynophile d'une quinzaine de chiens, à Suippes pour l'instruction du peloton, puis près de Blida et les gorges de la Schiffa avec le 1er régiment de spahis algériens, dans le Constantinois enfin, en surveillance derrière les barbelés de la célèbre ligne Morice, censée arrêter les infiltrations des katibas rebelles venant de Tunisie. Avec les appelés de "la fameuse 15/2" et les Alsaciens de la région de Colmar, avec aussi les légionnaires du 3ème REP, il court (un peu) derrière les fellaghas, vaccine les moutons du GMPR et ceux des paysans du coin, et passe le plus clair de son temps en compagnie des officiers du bureau d'action psychologique (5ème bureau), fait avec un opérateur du régiment une séance de cinéma hebdomadaire dans le silo à grains réquisitionné, met sur pied une équipe de football avec des appelés du régiment et les jeunes du village. Logeant à l'infirmerie, il participe à l'évacuation des blessés, fait parfois la toilette des soldats tués au combat, tient l'orgue des cérémonies funèbres à l'occasion.

De retour en France et démobilisé, il entre comme vétérinaire à la Société Sanders, la première firme conseil en alimentation animale, et prend une participation active à la réalisation des nouveaux aliments remplaçants du lait dans l'élévage et l'engraissement du veau. Il passe quelques mois à Montréal au service de Sanders, puis rentre en 1968 pour créer sa propre entreprise, la société Diévet qu'il développe et dirige jusqu'en 1991. Il développe en France, à partir de 1978, la technologie de l'extrusion à sec en alimentation animale conventionnelle, pour la cuisson "instantanée" des graines de soja, le traitement de l'amidon des céréales et la préparation d'aliments spéciaux pour les chats et les chiens, mais aussi pour les poissons, les crevettes, les porcelets, les ruminants.

La société Dievet améliore une machine importée des USA et crée INOTEC, avec un bureau d'études local en construction mécanique. Ce qui aboutit à la fabrication d'une série d'extrudeurs plus performants, qui seront utilisés dans les sociétés filiales du "groupe" et exportées à l'étranger dans une quinzaine de pays (dont les Etats-Unis et la Chine).

En cessation d'activité depuis 1991, Maurice Legoy a pris sa retraite en 1994, après 37,5 annuités de "service" (grâce à son séjour en Algérie dans des unités combattantes).

Dans sa jolie maison du bord de Seine, à deux pas des premières écluses et du barrage que viennent battre les vagues aux grandes marées, il tond son hectare de pelouse, cultive ses 400 mètres carrés de potager, plante le verger de ses petits-enfants, perfectionne son jeu à l'orgue et... écrit !!!