Les Oméga-3 améliorent le QI des jeunes
enfants
Par Richard N. Podell, médecin
Directeur du Podell Medical Center in New Providence,
N.J
Le cerveau du nourrisson se développe très rapidement
au cours de la première année de son existence, triplant
son poids de naissance durant ces douze premiers mois. Pendant cette
première année se construisent les structures nécessaires
au développement de l'intelligence, de la vision et du langage.
Considérant que le cerveau de l'homme est constitué de
60% de matière grasse, toute cette croissance cérébrale
nécessite la fourniture de certains acides gras. Les aliments
adéquats, qui contiennent ces acides gras, pourraient même
procurer une intelligence supérieure aux nouveaux-nés.
Des expériences sur les animaux ont montré que l'une
des raisons du manque d'intelligence est due à une carence en
acides gras essentiels, en particulier la carence en acide docosahexanoïque
(DHA) (1,2), que l'on trouve dans la graisse des poissons gras et certaines
algues. Le DHA est un oméga-3, cousin de son semblable mieux
connu du public, l'acide eicosapentaénoïque (EPA). Des études
effectuées sur des jeunes enfants après la naissance commencent
à apporter la confirmation du rapport entre le DHA et l'intelligence.
Le DHA et son homologue oméga-6, l'acide arachidonique, sont
les acides gras les plus courants dans les neurones du cerveau des foetus
et des tout jeunes enfants. Une déficience en DHA peut-elle provoquer
des lésions du cerveau et une insuffisance de développement
cérébral chez les humains? Il y a à présent
certaines preuves que la réponse est OUI. Par exemple, les enfants
nés avant terme présentent généralement
un taux faible de DHA dans leur cerveau et ont plus de risques de présenter
des toubles neurologique que la moyenne. (3) Les enfants hyperactifs
ou présentant un manque d'attention ont également tendance
à présentetr de faibles teneurs en DHA dans leur cerveau
(4).
Ces observations suggèrent qu'il y a une relation de cause à
effet entre la carence en acides gras essentiels durant l'enfance et
les troubles neurologiques. Nous manquons toutefois de données
et avons besoin de tests supplémentaires pour savoir si l'ajoût
de DHA au régime alimentaire peut prévenir ou corriger
les maladies mentales ou neurologiques.
Un article récent dans The Lancet a montré que la distributiion
à des bébés d'une formule d'aliment enrichi en
DHA permettait une amélioration de leur capacité à
résoudre des problèmes à l'age de dix mois comparativement
à des bébés ayant consommé la formule d'aliment
standart du commerce, à faible teneur en DHA.
P. Willats, PhD, et ses collègues de l'Université de
Dundee, en Ecosse, ont obtenu l'accord de 44 familles pur utiliser une
formule enrichie en DHA sur des nouveaux-nés à terme,
en pleine santé. Très vite après la naissance,
la moitié des bébés furent alimentés avec
une formule standart tandis que l'autre moitié recevait une formule
enrichie en DHA et en acide arachidonique. Les graisses utilisées
étaient des graisses laitières, des huiles végétales
et des graisses d'oeufs.
A l'age de dix mois, les 2 groupes de nourrissons présentaient
un développement physique analogue et les mêmes facultés
de résolutions des problèmes. Néanmoins, confrontés
à des épreuves un peu plus difficile pour leur âge,
ceux qui avaient été alimentés avec la supplémentation
de DHA s'en tiraient beaucoup mieux, de façon significative (5).
Dans cette étude, les bébés de 10 mois étaient
testés de la façon suivante : on leur montrait un jouet
placé sous un couvercle. Le jouet recouvert était placé
sur l'extrémité d'une longue bande de tissu dont l'autre
extrémité était à portée de l'enfant.
Une barrière avait été posée entre l'enfant
et cette extrémité de la bande de tissu. Pour prendre
possession du jouet, les enfants avaient donc à résoudre
ce problème à trois échelons.
Lors des 4 expériences réalisées, les deux groupes
d'enfants testés montrèrent la même habileté
à enlever la barrière et à commencer à tirer
sur le tissu. Mais au troisième échelon, c'est-à-dire
soulever le couvercle pour prendre possession du jouet, l'action était
accomplie plus souvent par les enfants du groupe supplémenté
en DHA.
Comme le QI des jeunes est directement relié à celui
de leur plus tendre enfance, ces résultats montrent que la simple
addition de certains acides gras aux formules d'aliments pour bébés
pourrait améliorer le QI de millions d'enfants. Si d'autres études
confirment et amplifient les résultats constatés par Willats
et Al, les fabriquants d'aliments bébés se trouveront
sous la pression d'ajouter certains acides gras essentiels à
leurs produits, les rendant ainsi plus proches encore de la composition
du lait maternel humain, qui est lui relativement riche en DHA.
Jusqu'à ce que cela soit réalisé, les femmes enceintes
devraient-elles augmenter leur consommation de poisson ou absorber des
compléments enrichis en DHA? Nous ne connaissons pas encore suffisamment
pour pouvoir le dire. Bien qu'il n'y ait aucun effet secondaire connu
suite à l'utilisation des formules enrichies en DHA, les suppléments
à base d'huile de poisson ne sont pas recommandés pour
les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Certaines huiles
de poisson contiennent des quantités élevées d'EPA
et des quantités plus faibles de DHA. Chez les adultes, les deux
acides gras sont utilisés. Mais chez les nourrissons et les foetus,
on peut craindre que l'EPA puisse entrer en concurrence avec le DHA
dans la formation des membranes des cellules nerveuses, rendant l'administration
d'huile de poisson contre-productive durant le jeune âge. Les
suppléments à base d'algues semblent mieux adaptés
dans ces cas-là. Les femmes enceintes ou allaitantes devraient
demander conseil à leur médecin ou à leur diététicien
avant de prendre des suppléments alimentaires.
Le DHA est devenu l'objet d'attention depuis très peu de temps.
On a accumulé plus d'expérience et de résultats
à propos de l'EPA, un oméga-3 considéré
comme efficace dans la prévention des troubles cardio-vasculaires,
l'arthrite rhumatoïde et la maladie de Crohn. L'étroite
relation qui existe entre les différents acides gras n'est pas
encore complètement comprise. Mais ces recherches préliminaires
prouvent que d'autres essais vont être mises en place, en particulier
sur le sujet de l'augmentation potentielle possible de l'intelligence
infantile.
Références bibliographiques
1. Crawford M. Are deficits of arachidonic and docosahexaenoic acids
responsible for the neural and vascular complications of preterm babies?
Am J Clin Nutr 1997;66(Suppl):1032S-41S.
2. Crawford M. The role of essential fatty acids in neural development:
implications for perinatal nutrition. Am J Clin Nutr 1993;57(Suppl):703S-9S.
3. Makrides M. Are long-chain polyunsaturated fatty acids essential
nutrients in infancy? Lancet 1995;345:1463-8.
4. Stevens L. Essential fatty acid metabolism in boys with attention-deficit
hyperactivity disorder. Am J Clin Nutr 1995;62:761-8.
5. Willatts P, et al. Effect of long-chain polyunsaturated fatty acids
in infant formula on problem solving at 10 months of age. Lancet 1998;352:688-91.