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N°26 / Mars 2003

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Manger à l'école

Donner aux enfants ce dont ils ont envie ou leur donner envie de ce dont ils ont besoin?

On va donc enfin s'intéresser à l'école au problème de l'obésité chez les jeunes : réjouissons-nous en!

Mais notre satisfaction sera de courte durée, si on ne s'en tient qu'aux mesures annoncées à grands coups de médiatiques interviews : supprimer les distributeurs de bonbons sous les préaux et faire passer les écoliers devant un médecin trois fois au cours de leur séjour en maternelle et en primaire.

Ce n'est pas parce que nos enfants seront privés de sucreries en libre service que leur maman ne leur fournira pas le coupe-faim de dix heures pour palier les manques résultant de l'absence d'un petit déjeuner à la maison, à base de calories peu efficaces pour leur apporter les éléments dont leur organisme aurait besoin pour avoir une alimentation équilibrée.

Et ce n'est le passage 3 fois un quart d'heure devant un docteur, fût-il compétent en nutrition, ce qui ne court pas encore les rues même aujourd'hui, qui changera la donne. Une fois de plus, il va se gaspiller beaucoup d'argent pour de bien piètres résultats.

L'éducation en matière de nutrition, il est bien évident qu'elle doit passer par l'école. Elle suppose donc une formation des maîtres et de maîtresses, je veux dire des enseignants, avec travaux pratiques le midi à la cantine. Et dans les assiettes, il ne suffira pas de mettre des plats convenablement préparés pour éduquer le goût de nos enfants, il faudra qu'ils soient confectionnés avec amour par un personnel compétent avec des denrées de qualité nutritionnelle convenue.

On voit ainsi les efforts qu'il va falloir déployer pour sortir cadre actuel, où le souci du prix de revient du repas à la cantine conduit trop souvent à tirer sur le prix d'achat des denrées, pour que puissent en bénéficier autant de rationnaires que possible.

On connait l'influence déterminante des enfants sur la nature des achats effectués par les parents. C'est bien en axant leur action vers les jeunes que les fast-foods ont pris la part de marché qu'ils détiennent à présent, aux Etats-Unis en particulier. N'est-ce pas en couvrant convenablement tous les besoins nutritionnels des jeunes que leur organisme va trouver l'équilibre, ce qui se traduira par une sensation de bien-être et le besoin de se dépenser, sans leur donner envie de grignoter, parce qu'il ressentent un vague désir de manger trop rapidement après un repas.

Sans doute faudra-t-il admettre que le coût des denrées nécessaires à la confection des repas augmentera, et peut-être sera-t-il nécessaire d'aider certains parents d'une manière ou d'une autre, pour qu'ils puissent continuer à permettre à leurs enfants de manger à l'école. Mais l'effet d'entraînement des enfants serait probablement déterminant dans le comportement des adultes pour les repas qu'ils prennent à la maison, ce qui aidera peut-être à la lutte contre l'obésité chez les parents et les frères et soeurs plus âgés.

Et, pendant qu'on y serait, on pourrait également prendre le temps du petit déjeuner à l'école. Après tout, avec un peu d'idées et de bonne volonté, cela ne serait pas plus difficile à organiser que bien d'autres activités scolaires. On partirait ainsi du bon pied pour la journée et attendre, sans avoir faim, midi pour se mettre à table...