Manger à l'école
Donner aux enfants ce dont ils ont envie ou leur donner
envie de ce dont ils ont besoin?
On va donc enfin s'intéresser à l'école au problème
de l'obésité chez les jeunes : réjouissons-nous
en!
Mais notre satisfaction sera de courte durée, si on ne s'en
tient qu'aux mesures annoncées à grands coups de médiatiques
interviews : supprimer les distributeurs de bonbons sous les préaux
et faire passer les écoliers devant un médecin trois fois
au cours de leur séjour en maternelle et en primaire.
Ce n'est pas parce que nos enfants seront privés de sucreries
en libre service que leur maman ne leur fournira pas le coupe-faim de
dix heures pour palier les manques résultant de l'absence d'un
petit déjeuner à la maison, à base de calories
peu efficaces pour leur apporter les éléments dont leur
organisme aurait besoin pour avoir une alimentation équilibrée.
Et ce n'est le passage 3 fois un quart d'heure devant un docteur, fût-il
compétent en nutrition, ce qui ne court pas encore les rues même
aujourd'hui, qui changera la donne. Une fois de plus, il va se gaspiller
beaucoup d'argent pour de bien piètres résultats.
L'éducation en matière de nutrition, il est bien évident
qu'elle doit passer par l'école. Elle suppose donc une formation
des maîtres et de maîtresses, je veux dire des enseignants,
avec travaux pratiques le midi à la cantine. Et dans les assiettes,
il ne suffira pas de mettre des plats convenablement préparés
pour éduquer le goût de nos enfants, il faudra qu'ils soient
confectionnés avec amour par un personnel compétent avec
des denrées de qualité nutritionnelle convenue.
On voit ainsi les efforts qu'il va falloir déployer pour sortir
cadre actuel, où le souci du prix de revient du repas à
la cantine conduit trop souvent à tirer sur le prix d'achat des
denrées, pour que puissent en bénéficier autant
de rationnaires que possible.
On connait l'influence déterminante des enfants sur la nature
des achats effectués par les parents. C'est bien en axant leur
action vers les jeunes que les fast-foods ont pris la part de marché
qu'ils détiennent à présent, aux Etats-Unis en
particulier. N'est-ce pas en couvrant convenablement tous les besoins
nutritionnels des jeunes que leur organisme va trouver l'équilibre,
ce qui se traduira par une sensation de bien-être et le besoin
de se dépenser, sans leur donner envie de grignoter, parce qu'il
ressentent un vague désir de manger trop rapidement après
un repas.
Sans doute faudra-t-il admettre que le coût des denrées
nécessaires à la confection des repas augmentera, et peut-être
sera-t-il nécessaire d'aider certains parents d'une manière
ou d'une autre, pour qu'ils puissent continuer à permettre à
leurs enfants de manger à l'école. Mais l'effet d'entraînement
des enfants serait probablement déterminant dans le comportement
des adultes pour les repas qu'ils prennent à la maison, ce qui
aidera peut-être à la lutte contre l'obésité
chez les parents et les frères et soeurs plus âgés.
Et, pendant qu'on y serait, on pourrait également prendre le
temps du petit déjeuner à l'école. Après
tout, avec un peu d'idées et de bonne volonté, cela ne
serait pas plus difficile à organiser que bien d'autres activités
scolaires. On partirait ainsi du bon pied pour la journée et
attendre, sans avoir faim, midi pour se mettre à table...