Ce qu'on nous a raconté sur les graisses laitières est
faux!
Une situation qui ne date pas d'hier et n'a fait qu'empirer depuis
On a l'impression que la mauvaise réputation des graisses animales,
et du beurre en particulier, a commencé aux Etats-Unis dans le cours
des années 1950. En fait, à l'époque, les Américains avaient déjà réduit
leur consommation de cette catégorie de graisses. La modification de
leurs habitudes alimentaires a fait le bonheur et la fortune de l'industrie
des oléagineux. Elle remonte à la mise en vente sur le marché américain
de la margarine dès les années 1900.
L'infarctus du myocarde était pratiquement inconnu aux Etats-Unis en
1910 et ne causait pas plus de 3.000 morts par an en 1930. En 1960,
on constatait au moins 500.000 morts chaque année des suites d'une maladie
cardio-vasculaire. La plus grande augmentation provenait de la rubrique
infarctus du myocarde (MI), dû à un caillot de sang important conduisant
à l'obstruction d'une artère coronaire et à la mort subséquente du muscle
cardiaque irrigué par cette artère.
Depuis le début du siècle que le ministère de
l'Agriculture des Etats-Unis tient des statistiques, nombre de scientifiques
avaient noté un changement dans la nature des graisses que les Américains
absorbaient. En 1946, les Américains consommaient encore à peu
près 60 % de leurs graisses sous forme de graisses d'origine animale
et 40 % seulement sous forme d'huiles végétales, hydrogénées ou non.
Moins de 20 ans plus tad, en 1963, essentiellement sous l'influence
de lobbies qui tiraient les ficelles et les bénéfices de la situation,
les graisses animales ne rentraient plus que pour 40 % dans la consommation
de graisses des Américains et les huiles pour 60 %.
En 1950, les Américains avaient déjà remplacé
la moitié du beurre qu'ils consommaient par de la margarine. De 18 livres
par personne et par an au début du siècle, la consommation de beurre
était tombée à 10 livres. La consommation de "shortenings", matières
grasses fabriquées à partir de graisses animales et végétales diverses,
utilisées pour la friture ou dans la
fabrication des snacks et des produits de boulangerie,
était restée stable à 12 livres par personne durant cette période, mais
leur composition avait changé. On y avait remplacé les huiles tropicales
naturelles de coco et de palme, solides à la température ambiante, ainsi
que le suif et le saindoux (que l'on s'était mis à hydrogéner lui aussi
pour qu'il ne rancît pas), par des huiles domestiques de coton, de maïs
et de soja hydrogénées : c'était la guerre, et les transports maritimes
des marchandises alimentaires autres que celles destinées aux militaires
étaient trop risqués. La consommation d'huiles végétales avait plus
que triplé, passant d'un peu moins de 3 livres par an à plus de 10 livres.
Dès cette époque, les statistiques mettaient le doigt sur une conclusion
évidente : il fallait que les Américains revinssent à une alimentation
plus traditionnelle, comprenant viande, oeufs, beurre et fromages, qui
avait nourri leurs ancêtres, et fuir les aliments dernier-cri à base
d'huiles végétales qui envahissaient les étagères des épiciers. Mais
c'est les contraire qui arriva . Derrière le rideau de la scène, un
petit groupe d'affairistes sans visage avaient décidé, dès 1946, de
faire changer l'attitude des gens vis à vis des graisses du lait et
de leur faire préférer la margarine.
En 1956, un appel de fonds dans le public par l'American Heart Association
(AHA) fut diffusé sur les trois chaînes les plus importantes. Le Maître
de Cérémonies (le présentateur) interviewait, entre autres, Irving Page,
Jeremiah Stamler de l'AHA et le chercheur Ancel Keys. Les hommes du
panel présentèrent l'hypothèse "lipidique" comme explication de l'épidémie
de maladies cardiaques et lancèrent le concept du "Régime de Prudence"
dans lequel huile de maïs, margarine, poulet et céréales remplaçaient
beurre, saindoux, viande de boeuf et oeufs. La même année, l'industrie
agro-alimentaire mit en route des campagnes de publicité pour vanter
les avantages de ses produits : huiles végétales riches en acides gras
non saturés et absence de cholestérol.
Les conséquences qui ont résulté de l'adoption
du "régime de prudence"
Un telex de l'Agence Reuters daté du 1er janvier 2002 a pour titre
: "Les statistiques indiquent que les maladies de coeur restent la première
cause de mortalité." Près de 62 millions d'Américains ont une forme
ou une autre de maladie cardio-vasculaire, et près d'un million en meurent
chaque année.
Ces maladies sont la première cause de la mort
Outre-Atlantique (958.755 décès en 1999), loin devant le cancer (549.838),
les morts accidentelles (97.860), la maladie d'Alzeimer (44.536) et
le SIDA (14.802). Elles représentent plus de 40 % de la mortalité totale,
dont 167.366 décès dus à une attaque cérébrale. Prises à part des autres
affections cardiaques, les attaques cérébrales représentent la troisième
cause de tous les décès. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir averti
le public. Ce n'est pas parce que les personnes à risques sont mal suivies
médicalement : en 1999, 85 % des victimes d'un infarctus étaient traités
aux bêta-bloquants dès leur sortie d'hôpital. En 2001, le coût total
du traitement et de la prévention des maladies cardiovasculaires aux
Etats-Unis a été de 292,8 milliards de dollars, soit 2.100 milliards
de francs, quelque chose comme le double des dépenses de santé remboursées
par notre Sécurité Sociale en France.
Si le régime de prudence n'a pas été efficace dans la prévention des
maladies cardio-vasculaires, il est par contre à l'origine de conséquences
tout aussi dramatiques sur la santé des Américains. A trente ans, plus
de la moitié d'entre eux sont devenus obèses et 60 % en surpoids. Les
citoyens de l'Oncle Sam sont plus gras que jamais et les kilos s'ajoutent
aux kilos à un âge toujours plus jeune. Un récent rapport montre que
27 % des Américains adultes entre 20 et 74 ans sont obèses lorsqu'ils
atteignent le milieu de leur trentaine, à peu près le double de ce qu'il
en était au début des annnées 1960. Au total, 61 % des adultes de ce
pays sont obèses ou en surpoids par rapport a un Index de Poids Corporel
(IM), ou Body Mass Index (BMI)* supérieur à 30. Les femmes et les minorités
ethniques présentent un risque accru d'obésité.
Le BMI* est le rapport du poids d'une personne (exprimé en kilos) avec
le carré de sa hauteur (exprimé en mètres). Il peut très adéquatement
prédire le risque de complications médicales dues à l'excès de poids.
Un BMI supérieur à 30 par exemple est associé à un risque accru de maladies
cardio-vasculaires, à certains types de cancer, d'hémorragie cérébrale
et de diabète gras.
Les scientifiques ont montré à quelle vitesse de jeunes adultes deviennent
obèses. Les personnes qui sont nées en 1964 deviennent obèses 26 à 28
% plus vite que celles nées en 1957. Les résultats soulignent même la
nécessité du contrôle de poids des jeunes adultes en léger surpoids.
Selon ce rapport, 80 % des adultes obèses à 35 ans ont commencé à présenter
un excès de poids entre 20 et 30 ans et certains plus jeunes encore,
durant leur adolescence.
Ces données ont été établies à partir de l'information collectée sur
plus de 9.000 personnes vivant aux Etats-Unis, rapportant chacun 12
fois leur poids et leur hauteur durant une période de 17 ans. Du fait
que les gens ont souvent une tendance à sous-estimer leur poids réel,
il est probable que ces résultats soient au dessous de la vérité.
Malgré tous les efforts faits pour tirer la sonnette d'alarme sur l'obésité
et le diabète gras, l'augmentation de ces deux maladies continue à grande
vitesse. Dans le Mississipi par exemple, près de 25 % de la population
est obèse et près d'un adulte sur 4 présente un BMI supérieur à 30.
7,3 % des Américains souffrent à présent de diabète gras, score probablement
bien inférieur à la réalité si l'on prend en considération les cas non
diagnostiqués, ce qui pourrait faire monter le pourcentage réel à 10
%
Cette situation est d'autant plus tragique que le tendance pourrait
être inversée relativement facilement, si les Américains revenaient
à leur alimentation traditionnelle, plus riche en graisses animales,
soient-elles saturées. Car il y a peu de doute : on commence à constater
par là le résultat de l'élimination des graisses traditionnelles présentes
dans le beurre, la crème, les fromages et les oeufs dans l'alimentation
des Américains et leur remplacement par de l'huile de soja, de maïs
ou de coton, hydrogénées ou non.
Sans oublier que la chasse au cholestérol alimentaire a abouti à mettre
sous médicaments à vie un pourcentage élevé de la population, sans aboutir
à la moindre augmentation de la longévité de ceux qui se soumettent
aux prescriptions et aux régimes préconisés par les médecins Outre-Atlantique.
Pour conclure, il convient de laisser la parole
à Maria Enig, la spécialiste de renommée mondiale en matière de graisses
à l'Université du Massachussets : " Le problème avec ces 40 années de
recherche sur les lipides, le cholestérol et les maladies cardio-vasculaires
sponsorisées par le NHLBI, c'est qu'elles n'ont pas apporté beaucoup
de réponses, tout au moins de celles qui eussent pu donner satisfaction
à cet organisme... Même pour les individus présentant des taux extrêmement
élevés de cholestérol, jusqu'à 1.200 mg/dl, la différence dans le risque
d'accidents cardiaques était infime comparée avec ceux qui avaient un
taux normal." L'Enquête du NHLBI sur l'Intervention des Multiples Facteurs
de Risque étudia la rapport entre les maladies de coeur et le taux de
cholestérol de 362.000 hommes et constata que la mortalité par an due
aux accidents cardiaques variait de légèrement moins de 1% pour moins
de 140 mg/dl à un peu plus de 2% pour des teneurs supérieures à 300
mg/dl, une différence insignifiante. Un résultat inattendu des trouvailles
du MRFIT, dont les médias oublièrent de parler bien entendu, était que
la mortalité due aux autres causes -cancer, accidents, maladies infectieuses,
troubles rénaux - était significativement plus élevée chez les hommes
dont la teneur en cholestérol était en dessous de 160 mg/dl.
Aujourd'hui encore, les accidents cardiaques sont la première cause
de mortalité dans les pays développés. Si la mort par infarctus semble
avoir diminué, c'est que le risque a pu être mieux évalué depuis une
dizaine d'années et que la chirurgie des pontages a permis une réduction
des accidents les plus dramatiques. Mais la mise en régime réglé de
tout un pays n'a pas amené la réduction des risques cardio-vasculaires
attribués un taux élevé de cholestérol sanguin, et il a fondamentalement
changé le tableau de l'obésité dans ce pays.
Pourquoi en est-on arrivé là?
Une étude publiée récemment a comparé les résultats
des statistiques publiées en 1977- 78 (Nationwide Food Consumption Survey)
avec 3 enquêtes en continu réalisées en 1996 sur un échantillon de 63.380
personnes agées de 2 ans et plus, réparties sur tout le territoire américain,
en calculant la quantité moyenne de calories ingérées à domicile, dans
les restaurants et dans les fast-foods pour chacune des années d'études.
Entre 1977 et 1996, pour le même prix, l'apport calorique d'une portion
achetée ou servie a augmenté de 93 calories pour les snacks salés, de
49 calories celle d'une boisson sucrée (soft drink), de 97 calories
pour un hamburger, de 68 calories pour la portion de frites et de 133
calories pour la portion de Mexican Food. Les groupes de tout âge fréquentent
les restaurants bon marché et les fast-foods plus souvent que dans la
génération précédente. L'ingestion d'énergie par l'intermédiaire des
snacks est passée de 11,3 en 1997 pour cent à 17,7 % en 1996, une augmentation
de plus de 50%.
Combinés avec une diminution de l'activité physique au cours de ces
deux décennies, ces changements alimentaires sont responsables de l'épidémie
d'obésité et de diabète à laquelle les Américains ont à faire face.
L'augmentation de consommation d'énergie augmente de façon significative
les risques de maladies cardio-vasculaires, d'hémorraies cérébrales,
d'hypertension et de nombreuses autres maladies.
Il est clair que les Américains mangent trop. Ils mangent trop
parce qu'ils ont faim. Ils ont faim parce qu'ils se "nourrissent" mal.
Plus de 50 éléments sont essentiels pour rester
en bonne santé. Chacun de ces éléments, notre organisme doit trouver
le dans son alimentation de tous les jours. Et presque tous ne sont
pas interchangeables.
Or les modifications des habitudes alimentaires,
l'augmentation de la productivité en agriculture et la façon de préparer
les denrées nécessaires à notre alimentation se sont traduites par des
carences d'apport de nombre de ces éléments indispensables. Si un seul
de ces éléments est complètement absent du régime, il en résulte la
maladie et la mort prématurée. Certains groupes humains sur notre planète
terre vivent traditionnellement jusqu'à plus de 100 ans. L'étude de
ces sociétés a montré que ces sociétés agraires trouvent les 50 éléments
dans leur alimentation, en raison des circonstances particulières dans
lesquelles elles vivent. Leur environnement n'est pollué ni par les
engrais chimiques, ni par les pesticides, et l'air qu'elles respirent
et l'eau qu'elles boivent peuvent être qualifiés de purs. Ils ne connaissent
pratiquement ni le cancer, ni les maladies cardiaques.
Aux Etats-Unis, en 1900, seulement 3,3 % de la population mourait du
cancer. Nous en sommes aujourd'hui à 25 % et les maladies cardiaques
sont responsables de la mort de près de 15% des Américains. On aurait
pu penser que ces chiffres allaient être beaucoup plus faibles et qu'ils
devraient diminuer en raison de l'amélioration de l'hygiène, de la lutte
efficace contre les maladies infectieuses apportée par la découverte
des antibiotiques, des méthodes actuelles de production et de distribution
. C'est le contraire qui s'est produit. Qu'on n'aille pas nous raconter
que c'est seulement l'augmentation de la durée moyenne de la vie, qui
est responsable du développement des cas de cancers. Il n'est que de
jeter un oeil aux statistiques sur la mortalité due aux cancers du sein
chez les jeunes femmes, pour être convaincu du contraire.
C'est l'équilibre de notre alimentation qui est le seul moyen de lutter
contre l'excès d'ingestion de calories, l'organisme de celui qui est
carencé cherchant à compenser, par un surplus de consommation, un ou
plusieurs éléments indispensables qu'il ne trouve pas ou pas assez dans
le régime alimentaire qu'il ingère au fil des jours. Chacun des repas
que nous prenons doit apaiser la faim qui nous a poussé à nous mettre
à table. Si cette satiété n'est pas obtenue par l'ingestion de la quantité
de calories que nous pouvons dépenser au travers du fonctionnement de
notre corps, de la dépense occasionnée pour le maintien de sa température
interne et de son activité musculaire, cette faim va persister ou réapparaître
précocement, avant l'heure normale du repas suivant et pousser au grignotage.
Pas besoin d'aller chercher ailleurs.
Réhabiliter les graisses du lait
Il serait fastidieux de répertorier tous les résultats des recherches
qui ont donné lieu à une interprétation tendancieuse ou erronnée par
les tenants de l'hypothèse lipidique, la thèse qui a été à la base de
ce qu'est devenue l'alimentation de nos amis Américains, ainsi que ceux
des enquêtes effectuées sur les populations ayant gardé leur alimentation
traditionnelle, et dont les résultats embarassent fortement les "dictocrates
du régime" (Sally Fallon).
Bornons nous à considérer ce qui se passe en France et à expliquer
ce que les Américains ont baptisé le "French Paradox". Malgré une consommation
de graisses saturées considérable sous la forme de beurre, de crème,
de fromages, d'oeufs, de foie, de viande grasse et de charcuteries riches
(pâtés, saucisses), les Français ont un pourcentage de maladies cardio-vasculaires
bien plus faible que les Américains : 145 infarctus pour 100.000 habitant
d'âge moyen contre 315 en Amérique. Dans le Sud-Ouest de la France,
où le foie gras, les confits et la cuisine à la graisse d'oie sont des
éléments incontournables du régime alimentaire, il est seulement de
80 pour 100.000 par an, 4 fois moins qu'aux Etats-Unis. Il est vrai
que les Crétois font encore mieux avec seulement 38 cas pour 100.000
habitants.
En matière de produits laitiers, le Français a consommé, en l'an 2000,
8,3 kg de beurre, 23,6 kilos de fromages, 3,9 kilos de crème et 75,5
litres de lait, soit l'équivalent de 21,8 kilos de graisses butyriques.
Près de 3 fois plus que les 8,3 kg de l'Américain (1,9 kg de beurre,
13,1 kg de fromages, 3,7 kg de crème et 98,9 litres de lait). (source
CNIEL)
Naturellement, les produits laitiers ne sont pas responsables à eux
seuls de cette heureuse situation. En fait, la France n'est qu'un des
élèves les plus doués du "paradoxe méditerranéen", dont le paradygme
reconnu est le régime crétois. "Un manichéisme simplificateur en attribue
le bénéfice exclusivement à l'huile d'olive." écrit Jean-Marie Bourre
de l'Inserm, dans une brochure du CERIN. "Or, celle-ci ne saurait expliquer
la totalité du " Paradoxe Français ". Ne serait-ce que parce que cette
huile ne fournit que... 2 % environ des calories dans la ration alimentaire
des Français ! Cette quantité est trop faible pour tout expliquer; pour
agir en quantité si restreinte. Il faudrait qu'elle " recèlât un médicament
" (comme l'huile de poisson qui est riche en oméga-3), mais il y a sans
doute longtemps qu'il aurait dû être découvert. L'acide oléique qu'elle
contient (comme de multiples autres aliments) est certainement intéressant,
sinon obligatoire ; sa présence éviterait la consommation d'autres graisses,
pensent certains."
Ce ne sont ni le cholestérol, ni les acides gras saturés des graisses
du lait qui présentent un risque pour notre coeur ou pour nos artères.
Il est bien évident que le cholestérol du lait n'est pas de nature à
jouer un rôle essentiel dans l'ingestion journalière de cholestérol.
En dehors des glaces à la crème, une portion de n'importe quel produit
laitier procure seulement 2 à 11% de la quantité de cholestérol alimentaire
recommandée journellement (300 mg/jour), en se rappelant que la totalité
du cholestérol alimentaire ne peut provenir que des denrées d'origine
animale. La quantité de cholestérol que l'on peut ingérer grâce à (ou
à cause) des produits laitiers consommés tous les jours, y compris le
beurre, ne représente que 20 à 30 % du cholestérol alimentaire que l'on
est susceptible d'ingérer dans un régime "normal". Alors, remplacer
les 30 ou 40 grammes de graisses laitières journalières, apportant quelque
75 à 100 milligrammes par jour de cholestérol, par 20 grammes de margarine
contenant 2 grammes de phytostanols hydrogénés chimiquement, sous prétexte
de faire ainsi baisser de 10 % un cholestérol LDL supérieur à 1,5 grammes
par litre de sérum, j'aimerais bien savoir quel effet à long terme on
peut attendre de cette cuisine là sur la santé de mes artères et de
mon cerveau....
Quant aux acides gras saturés, seuls ont été considérés comme hypercholestérolémiants
les acides laurique (C12:0), myristique (C14:0) et palmitique (C16:0)
qui ne représentent que 40% des graisses du lait. Là aussi, on peut
faire la critique des publications qui ont donné lieu à cette interpétation.
Berner a fait cette critique des études utilisant une seule source de
matières grasses pour faire la comparaison des effets des graisses sur
les lipides du sang. A l'évidence, les effets résultant de n'importe
quelle graisse distribuée exclusivement vont se trouver dilués quand
elle est mélangée dans une ration diversifiée. Citant Ramsey et Al,
beaucoup d'experts s'attendent à des conséquences irréalistes sur l'influence
d'une modification d'un régime alimentaire, parce qu'ils se fient à
"une interprétation trop stricte des expériences à court terme, des
études contrôlées de régimes stricts sur des populations sédentaires
et des observations non rigoureuses". Berner en conclut que la recommandation
usuelle d'apport par les graisses d'un maximum de 30% de calories dans
la ration journalière grâce à 10% d'acides gras saturés, 10% d'acides
gras mono-insaturés et 10% d'acides gras poly-insaturés, bien que pouvant
avoir une influence positive sur la diminution dans le sang du cholestérol
total et du LDL cholestérol, a de sérieux défauts :
- ces recommandations ne tiennent pas compte des effets de ces rations
sur le HDL cholestérol et sur la teneur en apoprotéines;
- elles ne tiennent pas compte non plus des effets des modifications
de l'ingestion des acides gras sur les paramètres autres que les lipides
sériques et les lipoprotéines, comme par exemple l'oxydation des LDL
et la tendance à la thrombose;
- classer un acides gras dans l'une des trois catégories (saturés,
mono-insaturés et poly-insaturés) ne rend pas compte que tous les acides
gras d'un même groupe n'ont pas la même influence physiologique;
- enfin elles oublient les effets probables de certains composants
des graisses laitières : les CLA, la sphingomyéline, l'acide butyrique
et les ethers du glycérol qui jouent un rôle dans la défense de l'organisme
contre certains cancers (Parodi, 1997).
Les recherches récentes sur les graisses du lait montrent qu'elles
sont efficaces dans la prévention et le traitement du cancer
Parodi a résumé succintement la contribution des composants des graisses
laitières de la vache comme agents anti-cancéreux potentiels. L'agent
anticancéreux le mieux caractérisé à l'heure actuelle est l'acide linoléique
conjugué, terme générique pour un groupe d'isomères diénoïques conjugués
(possédant deux doubles liaisons) de l'acide linoléique. Le mieux connu,
et aussi le plus abondant dans le lait des vaches, est le cis9-trans-11
acide octodécanoïque (acide gras à 18 atomes de carbone). On lui a donné
le nom d'acide ruménique, parce qu'on le trouve en abondance dans la
graisse des ruminants et que c'est un intermédiaire de la biohydrogénation
de l'acide linoléique dans le rumen.
Chez les souris de laboratoire, les CLA (Conjugated Linoleic Acids)
se sont montrés efficaces pour protéger contre l'induction et le développement
des tumeurs de la peau, de l'oesophage, du colon, de la prostate et
de la mammelle. Tout récemment, on a montré que des souris nourries
avec du beurre durant la période précédant la puberté avaient des teneurs
tissulaires en CLA plus élevées, une quantité de cellules épithéliales
mammaires inférieure et une apparition des tumeurs mammaires induites
chimiquement réduite de 53%; (Ip et Al, 1999). Il a été démontré que
les CLA inhibaient la prolifération des cellules bourgeonnantes, qui
sont la cible des agents de la cancérisation mammaire. Le beurre enrichi
en CLA "naturels" présentait une plus grande efficacité qu'une dose
égale de CLA d'origine synthétique.
Bien que les CLA aient attiré beaucoup d'attention de la part des scientifiques
spécialisés dans les produits laitiers, la nutrition et la médecine,
d'autres composants du lait ont aussi des effets biologiques avec des
propriétés anti-cancéreuses. La sphingomyéline en particulier, présente
dans la membrane des globules gras, et dont le babeurre est particulièrement
riche, contient des composant biologiquement très actifs, comme la céramide
et la sphingosine. Ils sont utilisés dans trois mécanismes antiprolifératifs
en inhibant la croissance cellulaire et en facilitant l'apoptose (mécanisme
programmé de la mort cellulaire).
L'acide butyrique du lait réprésente 3 à 5% des acides gras du lait,
et 10% des molécules d'acides gras qui ont une puissante action inhibitrice
de la croissance cellulaire et qui induisent l'apoptose de plusieurs
lignées cellulaires de cancer. La plus grande attention lui a eté donnée
pour son rôle dans la prévention du cancer du colon. L'efficacité la
plus grande du butyrate semble associée à la distribution conjointe
de vitamines liposolubles (Parodi, 1997). Les preuves définitives sur
l'efficacité du butyrate comme agent anti-cancéreux restent à administrer.
Les ethers lipidiques présents dans les graisses du lait sont facilement
absorbés et présentent des propriétés anti cancéreuses in vitro sur
les cultures de cellules. Mais aucune efficacité n'a été démontrée dans
les essais cliniques (Parodi, 1997).
Parodi (1997) a noté un certain nombre de preuves partielles de la
diminution du déclenchement (induction) des tumeurs sur les animaux
d'expérimentation nourris avec du beurre en comparaison avec d'autres
types d'huiles ou de graisses.
Pour conclure...
La composition de la graisse du lait est à présent un objet fondamental
des recherches effectuées en matière de nutrition et de santé de l'homme.
Il y a plus de 400 acides gras différents contituants de la graisse
du lait. Et ce que l'on sait déjà de certains d'entre eux va bien au
delà des idées généralement admises de l'importance de certains acides
gras que l'on a appelés indispensables ou essentiels, les omega-6 et
les omega-3, en matière de la nutrition de l'homme.
Quelques-uns seulement des 400 et plus des constituants du lait ont
vu leur activité biologique étudiée à l'heure présente. De toutes récentes
recherches ont prouvé que certains composants des graisses laitières
avaient des propriétés anti-cancéreuses importantes (Parodi, 1997).
Ces propriétés anticancéreuses des acides gras connus sous le nom générique
d'acides linoléiques conjugués (ou CLA), CLA ont été découvertes par
hasard.
D'autres composants des graisses du lait comme les sphingomyélines,
ou l'acide butyrique et les ethers du glycérol, ont provoqué un nouvel
intérêt et une accélération des recherches sur la synthèse et la composition
des matières grasses du lait. Il est aussi vraisemblable que d'autres
éléments des graisses laitières restent à identifier et qu'ils ont des
effets biologiques et sanitaires très importants.
Quelles autres découvertes importantes en matière d'activités biologiques
des graisses du lait restent-elles à faire, si des recherches coordonnées
sont entreprises à leur propos? L'avenir des graisses laitières est
en réalité très prometteur, tant en matière de sujets de recherche qu'en
tant que composant des régimes alimentaires procurant la santé chez
l'homme.