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N°10 Septembre 2002

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Le stress oxydatif

Les radicaux libres

À la fin des années 1930, les chimistes britanniques montrèrent qu'à l'origine de la rouille et des craquelures du caoutchouc se trouvaient des fragments d'atomes ou de molécules instables invisibles à l'œil nu, qu'ils appelèrent radicaux libres et qu'ils supposèrent être des sous-produits de l'oxygène de l'air. Puis en 1955, Denham Harman, ex-chimiste la Shell, devenu médecin-chercheur à l'université de Berkeley (États-Unis), imagina que les molécules réactives instables qui s'attaquent à la matière inerte délabrent de la même manière la matière vivante et provoquent le vieillissement. En 1956, il publia sa théorie dans The Journal of Gerontology. D'autres chercheurs commencèrent à rapporter la présence de radicaux libres dans les organismes vivants, et des études mirent en évidence le lien entre une production accrue de radicaux libres et une diminution de la durée de vie. Dès 1957, Denham Harman entreprit des expériences sur des souris. En incluant dans leur alimentation un anti-oxydant, il obtint un résultat spectaculaire : les souris vivaient 20 % plus longtemps.

En 1992, Gladys Block, également de Berkeley, fit l'analyse des résultats de 246 études épidémiologiques où le risque de cancer était rapporté à la consommation de fruits et de légumes, riches en antioxydants ; elle conclut que les gros consommateurs de fruits et de légumes ont un risque de cancer divisé par deux par rapport à ceux qui mangent peu de végétaux (sauf pour ce qui concerne les cancers du sein et de la prostate). En 1993 parut en Suisse une étude portant sur 3.000 hommes suivis pendant douze ans et chez lesquels on avait mesuré les concentrations sanguines en plusieurs anti-oxydants : les personnes carencées en bêta-carotène et en vitamine C avaient un risque cardiovasculaire multiplié par deux. Autre résultat, toujours en 1993, une étude épidémiologique (université de Harvard, Boston, Massachusetts) portant sur 87.245 femmes et 39.910 hommes révèla que l'usage de suppléments de vitamine E pendant plus de deux ans conduisait à un risque coronarien réduit de 41 % chez les premières et de 37 % chez les seconds. C'est encore aux États-Unis, dans les années 70, que Linus Pauling, prix Nobel de médecine en1954, commença à s'intéresser à la vitamine C et à son intérêt en thérapeutique et en prophyllaxie

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Des métaux dans le crâne

Il y a des décennies que nous connaissons la présence des métaux dans notre corps, et en particulier dans notre cerveau. Mais ce n'est que très récemment qu'on a cessé de les considérer simplement comme des "oligo-éléments," et qu'on a commencé à se demander ce que diable ils pouvaient bien y faire. "Considérer le cuivre et le zinc comme de simples oligo-éléments est tout simplement idiot" déclare Ashley Bush, psychiatre à l'Unité de Vieillissement et de Génétique de l'Hôpital Général du Massachussets à Charlestown. " Le cerveau accumule les métaux comme aucun autre organe de notre corps" On peut se demander pourquoi?

Tout d'abord, notre cerveau ne fonctionne pas correctement sans les métaux. Nombre de neurones libèrent du zinc, du cuivre ou du fer lors de la transmission de l'influx nerveux au niveau des synapses. En fait, le cyanure tue en éliminant le cuivre des synapses. Les jeunes rats, nourris avec des régimes pauvres en fer, ont des difficultés d'apprentissage et les vieillards présentant une carence en zinc semblent plus sujets que d'autres à la démence sénile. Quand ils s'unissent à des protéines antioxydantes, le cuivre et le fer neutralisent les radicaux libres en "épongeant" les électrons. Et quelquefois, les cellules libèrent du zinc pour combattre les infections.

Certains chercheurs, et en particulier Ashley Bush, suspectent à présent la mauvaise utilisation des métaux par le cerveau d'être à l'origine de troubles neurologiques, en particulier ceux que l'on rencontre dans la maladie d'Alzeimer, la maladie de Parkinson et les affections à prion. Dans sa jeunesse, Bush a étudié la formation des plaques trouvées chez les patients victimes de la maladie d'Alzeimer, de ces espèces de formations de protéines qui s'accumulent à l'extérieur des neurones atteints, dans les zones du cerveau qui contrôlent les fonctions cognitives de l'organe, comme le jugement et la mémoire. Il a découvert que le premier constituant de ces plaques, une petite protéine appelée Ab, s'unit au cuivre et au zinc et que le cerveau des personnes décédées de la maladie d'Alzeimer contenait 3 à 4 fois plus de cuivre, de zinc et de fer que la normale, concentrés dans les dites plaques.

Pendant de longues années, les plaques avaient semblé être la cause la plus logique de la folie d'Alzeimer. Des dizaines de labos avaient ainsi montré que la protéine Ab était toxique pour les neurones et les travaux de Bush donnaient à penser que les métaux pouvaient favoriser la formation des plaques. Toutefois, il parut vite évident que ce n'était pas là le fin mot de l'histoire. Dans certains cas, les malades les plus fous se révélèrent ne porter que quelques plaques.

Le stress oxydatif

C'est la conséquence du déséquilibre entre la production de radicaux libres et la quantité d'anti-oxydants disponibles.

En 1986, Colin Masters, Pathologiste à l'Université de Melbourne, avait suggéré que la maladie d'Alzeimer pouvait être due à un stress oxydatif, des électrons libres rebondissant sur certaines molécules et provoquant des dégâts dans les cellules. Six années plus tard, le groupe de Pappola à l'Université de South Alabama à Mobile découvrit des quantités anormales de protéines antioxydantes dans la cervelle des patients atteints de la maladie d'Alzeimer, surtout autour des plaques. A présent, Masters et Pappola and Al. considèrent les plaques plutôt comme une "stèle" témoin des batailles ayant eu lieu dans le cerveau suite à un stress oxydatif plutôt que la cause des dégats. "La plaque est comme une pierre tombale" dit Pappola.

Finalement, en décembre 1999, un groupe de chercheurs, comprenant Bush et Masters, tira la conclusion que les deux théories pouvaient concorder. Ils trouvèrent que, quand la protéine Ab se lie avec le cuivre, il pouvait se produire un "désastre oxydatif", dû à la présence d'une grande quantité d'hydrogène qui tue les cellules. Tout ceci étant dû à un déséquilibre entre le cuivre et le zinc au niveau de ces cellules nerveuses.

Mais nos cellules fabriquent en permanence de la protéine Ab, et le cuivre est toujours disponible. Si cette petite protéine est si dangereuse, comment se fait-il que nous ne contractions pas tous la maladie d'Alzeimer ? Bush pense que la réponse est dans le fait qu'elle ne devient vraiment dangereuse que lorsque la situation chimique de la cellule lui permet de fixer trop de cuivre. A l'état normal, la protéine Ab est sans danger, et même bénéfique.

Une maladie métabolique ?

Depuis, des mutations d'une protéine baptisée SOD1 ont été liées à la sclérose latérale amyotrophique familiale - maladie génétique des neurones de la motricité. SOD1 fait partie d'une famille d'antioxydants très puissants. SOD1 se lie au cuivre et au zinc, et elle utilise les métaux pour éponger les électrons, afin d'empêcher la formation du peroxyde (O3), une forme réactive dangereuse de l'oxygène.

On n'a pas à ce jour montré clairement comment les protéines mutantes pouvaient provoquer la maladie. Pourtant l'an dernier, une équipe de biochimistes dirigée par Joseph Beckman à l'Université de l'Alabama, à Birmingham, a découvert que SOD1 normale fixe 50 fois plus de zinc que l'une des 5 versions testée de la variante. Et de toute façon, en l'absence de zinc, le cuivre fixé sur SOD1 "volait" des électrons à d'autres molécules 3.000 fois plus vite que ne le fait SOD1 normal. Beckman pense que cette suite d'évènements puisse être à l'origine de la maladie, en raison du fait qu'un excès de peroxyde provoque la formation de peroxynitrites, ce même poison qui est utilisé par les neurones moteurs en excès ou endommagés pour s'auto-détruire.

Le tableau de la maladie d'Alzeimer émergeant de tout cela est un effet boule de neige. Nous abritons de la protéine Ab dans toutes les cellules de notre corps tout au long de notre existence, mais à un moment donné, elle commence à s'accumuler dans notre cerveau. Peut-être une partie de cette protéine n'arrive-t-elle pas à fixer convenablement le zinc et provoque-t-elle quelques dégats suite à une oxydation. Pour réagir, les neurones fabriquent plus d'antioxydants, y compris de la protéine Ab. Celle-ci, en particulier celle qui est composée de 42 résidus d'acides aminés (au lieu de 40 pour la protéine Ab normale), provoque encore plus de dégâts oxydatifs. "C'est un cercle vicieux", déclare encore Bush. "Une fois que Ab s'est transformé d'antioxydant en pro-oxydant, il peut s'engendrer lui-même".

Mais quel est le processus qui enclenche la réaction en chaîne? L'acidité pourrait en être la cause. Le manque d'oxygène provoque un état appelé acidose, lorsque le métabolisme en anaérobiose se met en route. C'est le même phénomène que celui qui apparaît lors d'un exercice physique violent. Quand une personne vieillit, les occasions qui peuvent provoquer une légère acidose sont la cause de fréquentes attaques légères, chutes de pression sanguine, infections et même blessures à la tête. Et quand le pH baisse dans les cellules, le zinc ne se lie plus du tout à la protéine Ab."C'est là notre hypothèse numéro 1", déclare Bush.

Carences, excès ou déséquilibres ?

Ce scénario, façon Dr Jekill et Mr Hyde, se reproduit dans tout le champ des maladies neurodégénératives. Par exemple, dans les maladie à prion, que ce soit dans l'ESB, la tremblante du mouton ou la maladie de Creutzfeldt-Jacob, une forme insoluble de la protéine prion normale physiologique (PrP) se met à former des "grumeaux" dans la cervelle. Ce que nombre de chercheurs affirment être la cause de la mort des neurones, mais ce que personne ne sait exactement.

Un chercheur de Cambridge, le Docteur David Brown, biochimiste à l'Université a montré que le PrP peut agir comme antioxydant quand il a fixé du cuivre dans sa molécule. Les cellules contenant du PrP sont bien connues pour leur résistance au stress oxydatif. Ces résultats amènent à donner un tableau de la maladie de la vache folle différent de la théorie brute actuelle, selon Bush : " Je pense que ce qui conduit à la mort des neurones dans les maladies à prion, c'est la perte d'une action antioxydante".

Au tout début de l'année 2001, Brown a découvert in vitro que le prion PrP ne fixait pas seulement le cuivre, mais aussi le manganèse. Et quand cela se produit, il perd son activité. Les enzymes qui digèrent le prion normal PrP sont incapables de digérer celui qui a fixé du manganèse PrPsc, caractéristique remarquable de la forme de la maladie. Ainsi, il paraît que les métaux puissent avoir à voir avec les maladies à prion elles aussi.

Où l'on reparle de la "vache folle"

Voilà qui est une bonne nouvelle pour Mark Purdey, cet agriculteur du Somerset avec une formation de biochimiste, qui au cours des 10 années passées a réalisé les analyses du sol, de l'eau et de la végétation de plus d'une douzaine de métaux sur les sites où se trouvent des cas groupés de maladies à prion dans le monde entier, y compris en Islande, en Slovaquie et au Colorado. Seul un métal se retrouvait en permanence de façon constante en quantité surabondante dans les régions frappées par la maladie : le manganèse. "J'ai vraiment été soufflé par les travaux de Brown", confie Purdey. "J'ai lu son article après l'analyse des sols que j'avais étudiés et j'ai pensé que les deux choses mises bout à bout expliquaient ce qui se passait".

Purdey est en train d'analyser les sols dans le Leicestershire, près de la ville de Queniborough, où un groupe du variant de la maladie de Creutzfedt-Jacob a récemment été constaté. (New Scientist, 22 juillet 2001, p. 3). Les analyses ne sont pas encore terminées, mais il a déjà localisé une source possible de métal dans un affleurement d'une strate du Précambrien qui, d'après lui, contient du manganèse. Est-il possible que l'exposition chronique au manganèse puisse accroître le risque de maladie à prion? "Ce n'est absolument pas prouvé" répond Brown. "Il y a de la maladie de Creutzfeldt-Jacob partout dans le monde. Mais s'il y a quelque facteur en rapport avec l'eau ou des tuyaux, ce pourrait être un point de convergence."

Tout cela risque d'amener les gens à se poser la question de savoir s'il doivent remettre au fourneau leurs ustensiles en cuivre ou éviter d'absorber des aliments riches en manganèse. Et cela va certainement relancer la polémique à propos de la relation entre l'aluminium et la démence. Ce n'est pas nécessaire, dit Bush. Les expériences faites sur animaux de laboratoire montrent qu'un aliment chargé en fer ou en zinc n'a pas d'effet sur la teneur de ces métaux dans le cerveau, malgré une teneur élevée dans le sang. La barrière du cerveau les empêche d'y pénétrer.

Lutter contre les radicaux libres

On ne peut pas vivre sans oxygène, cet élément qui participe au cœur des cellules aux oxydations productrices d'énergie. Presque tout l'oxygène (98 %) est correctement transformé et éliminé sous forme de gaz cabonique. Le reste est à l'origine de composés "hyper-réactifs" et donnent des molécules a qui il manque un électron, instables, et qui vont le "voler" à un autre composé, mettant ainsi en route des réactions en chaîne aboutissant à des composés anormaux qui risquent de s'accumuler à un endroit ou à un autre de l'organisme. C'est ce que l'on désigne sous le terme "espèces oxygénées activées" ou encore "formes réactives de l'oxygène" (FRO), plus connues sous le nom de "radicaux libres", capables de perturber le bon fonctionnement de l'organisme. La production de FRO serait l'une des causes du vieilissement de les cellules.

Normalement, l'organisme dispose des antioxydants qui bloquent ces formes oxygénées actives avant qu'elles ne fassent trop de dégâts. Mais dans certaines circonstances (stress, fatigue, surmenage physique, tabagisme, alcoolisme, insolation, etc), l' équilibre entre les quantités de FRO et d'antioxydants est rompu. C'est le problème des sportifs ou des travailleurs de force : plus ils consomment d'oxygène, plus ils produisent logiquement de FRO.

À l'image de ce qu'ils produisent dans la nature ( rouille, rancissement des matières grasses, craquelures du caoutchouc ou des plastiques), les radicaux libres entraînent au niveau cellulaire des modifications de la perméabilité cellulaire, des mutations de gènes avec les conséquences qui en résultent pour le développement de cancers, une diminution de l'activité enzymatique et une perte d'élasticité tissulaire. De nombreux états pathologiques sont liés à ce déséquilibre :

athérosclérose, cancer, diabète gras, arthrose, vieillissement musculaire, micro-angiomes, problèmes oculaires (cataracte, glaucome, dégénérescence maculaire), psoriasis, troubles cutanés…

Régime crétois

Le fameux régime crétois est riche en acide alphalinolénique, acide gras essentiel que l'on trouve dans le pourpier, les escargots et les noix. Il est composé de fruits et de légumes, en particulier les tomates qui contiennent du lycopène, de céréales et de poisson, avec peu de viandes rouges et blanches, de l'huile d'olive et du vin rouge en quantité modérée. C'est le modèle en la matière, quand on aspire à devenir un vieillard en bonne santé. Il apporte en quantité suffisante tous les antioxydants souhaités. "Surtout," ajoute le Dr Mariette Gerber, épidémiologiste au Centre de recherche en cancérologie de Montpellier, "il contient également des fibres qui jouent un rôle dans la prévention du cancer et l'absorption du cholestérol."

On oublie trop souvent qu'il contient aussi des produits laitiers en quantité appréciable et que l'alimentation des vaches et des chèvres présentes sur l'île est riche aussi en acide alpha-linolénique, que certains micro-organimes de leur panse transforment en CLA (Conjugated Linoleic Acids). Or, les CLA pourraient bien se révéler être des acides gras indispensables et de puissants agents anticancéreux.

L'apport en un nutriment donné, par exemple du bêta-carotène comme cela a été fait dans le cadre d'une étude finlandaise, n'a rien à voir avec l'apport complexe d'un aliment qui, outre ses différents nutriments, est constitué également de fibres, l'ensemble agissant en synergie. L'étude en question, dont les résultats ont été publiés en 1994, concernait trente mille fumeurs, âgés de cinquante à soixante-huit ans et divisés en deux groupes, l'un supplémenté en bêta-carotène, l'autre non. En raison de ses résultats inquiétants, l'étude fut interrompue prématurément. Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, le groupe de fumeurs qui avait pris du bêta-carotène présentait davantage de cancers du poumon (+ 28 %) et une mortalité supérieure (+ 17 %).

Cette expérience souligne la nécessité de continuer les recherches pour préciser, comme le demande le Dr Dominique Rueff, auteur de "La Vitamine C, pour tous et pour la vie", les indications, l'intérêt et la nature d'une complémentation lorsqu'elle devient nécessaire. Dans ce cas, il vaut mieux faire appel à des produits naturels, se rapprochant le plus possible de ce que doit apporter l'alimentation, mais à des concentrations particulièrement intéressantes pour corriger les manques éventuels de l'alimentation habituelle. Et c'est dans ce sens qu'on peut sans réticence utiliser le terme de nutricaments, et non pas comme on l'utilise quelquefois pour désigner une formule alimentaire usuelle supplémentée en telle ou telle vitamine, en tel ou tel acide gras, en un ou plusieurs oligo-éléments, etc..

Conséquences pour notre corps

Notre corps n'est en bonne santé que si toutes les cellules qui le composent sont elles-mêmes en bonne santé. Chaque jour, chaque cellule de notre organisme est sous l'attaque de toutes sortes de polluants et de molécules chimiques résultant de leur fonctionnement (métabolisme) : stress, aliments tout préparés, conservateurs, déséquilibres alimentaires, alcool, gaz d'échappement, fumée du tabac, pesticides, rayons X, ultra-violet, ultra-sons, mico-ondes

Ces dangers provoquent le vieillissement prématuré, une mauvaises circulation sanguine, des "bleus", le cancer, le rétrécissement des artères, de la confusion mentale, des pertes de mémoire, des troubles hépatiques, les arthrites, une fatigue permanente et un manque de "punch". C'est le résultats des dommages dus aux radicaux libres.

Les radicaux libres sont des molécules oxydées, instables qui causent des dommages à toutes les cellules de notre organisme. Il y a à peu près 80 maladies dégénératives chroniques qui en sont le résultat dont la science a montré qu'elles étaient dues aux atteintes causées par les radicaux libres. Le volume d'oxygène contenu dans une seule inspiration de nos poumons donne naissance à un milliard de radicaux libres. Ces radicaux libres sont à l'origine de réactions en chaîne L'électron qui leur manque crée une intabilité et ils n'auront de cesse d'aller en "voler" un à une molécule étrangère, la rendant elle-même instable et la tranformant en un nouveau radical libre, à la recherche d'un équilibre qu'il ne va trouver qu'en allant "voler" son électron manquant à un autre molécule. Ces réactions se passent quasi instantanément, à la vitesse de l'ordre de milliardièmes de secondes, jusquà ce que l'électron manquant ait enfin donné une molécule stable, mais dont la fonction physiologique a été altérée. Cela peut aussi bien se traduire par des lésions des acides nucléiques présidant à la division cellulaire ou à la synthèse des protéines de notre corps qu'à la mort de la cellule touchée, devenue incapable de continuer à utiliser l'oxygène nécessaire à son métabolisme et à sa fonction dans notre organisme.

Heureusement notre organisme se protège des radicaux libres grâce aux antioxydants, qui neutralysent les radicaux libres dès leur formation et protègent les cellules. Un système antioxydant est un réseau complexe constitué par des enzymes, des vitamines, des métaux, des acides aminés, etc..., qui travaillent en associationpour identifier les radicaux libres et les canaliser vers des molécules antioxydantes qui vont les neutralyser. Et les antioxydants permeetent aux cellules endommagées de se réparer.

Tous les antioxydants ne jouent pas leur rôle de la même façon. Par exemple, le cuivre, le zinc, le manganèse, le sélénium et en général les oligo-éléments entrent en combinaison avec une protéine pour neutralyser les radicaux libres. Les vitamines A, C, E et le beta carotène peuvent agir indépendamment, mais le plus souvent les antioxydants agissent ensemble, en synergie, la vitamine E avec le sélénium, la vitamine E avec la vitamine C.

Le lycopène que l'on trouve dans de nombreux légumes (tomates, poivron rouge, broccoli, épinards) et de nombreux fruits (pastèque, goyave, pamplemousse rose, abricot) semble une molécule particulièrement intéressante. Deux fois plus actif que le carotène en tant qu'antioxydant il n'est pas détruit par la cuisson ou les transformations culinaires et on le retrouve aussi bien dans les jus de tomates ou de pamplemousse rose que dans les sauces tomates, le concentré de tomate, le ketchup.

Le lycopène semble jouer un rôle très important dans la prévention du cancer de la prostate. Une étude conduite par le Professeur Anderson à l'Université de Lexington (Kentucky), qui a duré 4 ans et porté sur 47 894 hommes a démontré que les hommes qui mangeaient le plus de tomates et de sauce tomate cuite avec de l'huile d'olive avaient un risque de cancer de la prostate inférieur. Ceux qui mangeaient 2 portions par semaine avaient un taux de cancer de la prostate inférieur de 34 %. Le lycopène semblait le dénominateur commun. La même contatation ressort d'une étude publiée en mars 2002 dans le Journal of National Cancer Institute montrant l'effet bénéfique de la tomate consommée deux fois par semaine sur les risques de cancer de la prostate.

Des études épidémiologiques ont démontré qu'il y avait une relation inversement proportionnelle entre la consommation de légumes contenant du lycopène et l'incidence de certains autres cancers (cancer du sein, cancer du pancréas, cancer du colon et du rectum). Enfin, une étude faite sur des personnes âgées a démontré que celles qui avaient une alimentation riche en tomates avaient 50 % moins de maladies cancéreuses.

Les mêmes constatation ont été faites dans la prévention des maladies cardio-vasculaires. Une recherche effectuée par le Dr Venket Rao, professeur au Départment de Nutrition de l'Université de Toronto suggère que la consommation régulière d'aliments à base de tomates (jus,sauces, soupes) semblait réduire de façon importantze l'oxydation des LDL. Une consommation d'aliments à base de tomates apportant 40 mg de lycopène quotidiennement serait suffisante. (Lipids, novembre 98)

Teneur en lycopène de quelques aliments (mg/100 grammes)
Tomate crue 3,0
Jus de tomates 9,5
Sauce tomate 14,1
Tomato ketchup 15,9
Sauce spaghetti 21,9
Concentré de tomates 42,2
Pastèque 4,0
Sauce au piment rouge 19,5
Pamplemousse rose 4,0

Pas de complémentation au hasard

La solution préconisée pour tenter de prévenir ces maux est la complémentation en antioxydants, c'est-à-dire en vitamine C, en vitamine E, en caroténoïdes (précurseurs de vitamines A). Compte tenu de l'historique des antioxydants, il n'y a rien d'extraordinaire à ce que les Américains en soient de grands consommateurs. Actuellement un Américain sur deux prend des compléments et des vitamines, dont pour une grande part des antioxydants. Pour l'année 1997, cela correspond à 30 milliards de francs d'achats. En France, rien de cet engouement, du moins de la part de la communauté médicale. Mis à part quelques médecins d'avant-garde qui s'intéressent à la micronutrition, que d'autres appellent nutrithérapie, ou encore nutrition fonctionnelle, les antioxydants sont regardés de très haut.

Tous les antioxydants ne jouent pas le même rôle dans notre organisme et n'agissent pas de la même façon. Le fait de prendre une quantité adéquate d'un antioxydant ne veut pas dire que l'on ne soit pas carencé en un autre et que notre santé n'améliorerait pas si nous en prenions un troisième. Il faut garder à l'esprit qu'en l'occurrence notre corps n'est pas seulement la victime des radicaux libres en provenance d'agressions extérieures, mais que notre métabolisme engendre des radicaux libres, avec lesquels notre organisme doit s'accomoder, et ce d'autant plus que nous consommons plus d'oxygène. C'est par exemple le cas des sportifs, dont la consommation d'oxygène augmente fortement durant un effort musculaire intense (ce qui provoque des claquages dus à des lésions des fibres striées des muscles) ou prolongé (apparition d'acide lactique à la suite d'une oxydation incomplète du glucogène contenu dans le muscle, responsable des douleurs différées chez ceux qui n'ont pas d'entrainement).

En dépit de tous les problèmes auquel doit faire face notre corps, le résultat final est conditionné par notre état nutritionnel, bon ou mauvais. Et notre santé, bonne ou mauvaise, dépend par conséquent de notre alimentation.

Le problème, c'est qu'une supplémentation du régime avec des composés ayant une action antioxydante est délicate et très souvent décevante. L'exemple le plus connu a été la supplémentation en beta-carotène dans un essai réalisé en Suède (ou en Finlande) pour la prévention des maldies cardiaques : on a dû vite stopper l'expérience, le groupe soumis à la supplémentation étant victime d'accidents cardio-vasculaires dramatiques. Ce qui se passe en réalité, c'est que les antioxydants doivent être fournis à l'organisme dans un complexe comprenant l'antioxydant associé à des enzymes, des minéraux chélatés (sous une forme organique), des vitamines "naturelles", des phénols, des flavonoïdes, etc... Ces complexes sont fragiles et, même si l'on connaissait la nature exacte du produit actif, il est vraisemblable que l'on ne pourrait pas (le plus souvent) le concentrer pour en augmenter l'efficacité.

Force est de constater que jusqu'à maintenant il faut avoir recours aux apports de l'alimentation pour couvrir nos besoins en antioxydants. Il faut voir à l'esprit que seule une alimentation équilibrée peut nous permettre de gagner cette sorte de guerre.

Ces antioxydants se trouvent dans les légumes et les fruits frais, les plus frais possible, et récoltés à maturité. Il est inutile de rappeler qu'après la cueillette, les cellules d'un légume ou d'un fruit continuent à respirer, consomment de l'oxygène et que cette respiration génére des radicaux libres qui détruisent une partie des antioxydants contenus dans la plante au moment de la récolte.

Voici une liste (non limitative) de ces légumes, de ces fruits, de ces condiments, de ces "herbes" bonnes pour notre santé oxydative : aïl, ognons, échalottes, cive et ciboulette, persil, cerfeuil, romarin, carottes, tomates, épinards, chou, et en général tous les légumes à feuillage vert très foncé (salades vertes), raisins, framboises, cassis, myrtilles, mûres, abricots, melons et cantaloups, pêches, oranges et citrons, noix, ging-seng, thés blancs et noirs, graines de lin, fruits du sureau, certains champignons, réglisse, safran, pousses de soja, etc...

Et dernier conseil et pas le moindre : gare à la cuisson au micro-ondes et à l'irradiation par les rayons gamma de certaines denrées alimentaires pour les "stériliser" (y détruire les listéria des fromages ou les colibacilles dans les hambourgers aux Etats-Unis). Comme générateurs de radicaux libres dans les cellules des denrées traitées, on ne fait pas mieux...

Alors retourner cultiver son potager et planter son verger?

Extrait de "Maigrir sans avoir faim", nouveau livre de Maurice LEGOY, à parître fin septembre. 128 pages. Prix de souscription : 11 euros franco.

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