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Le Lion de Montreuil

Je ne sais de quelles compétences est bardé l'ex-député de Chateau-Thierry pour être devenu notre (sous-)Ministre, Secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à la consommation (et à la répression des fraudes), mais dans le domaine qui a trait à la question très sensible et très controversée de la maladie de la vache folle et de ses incidences possibles sur la santé des Français, il est patent que ses connaissances ne sont pas des mieux à jour.

Je ne doute pas un instant que l'ancien inscrit au groupe de l'Union pour la Démocratie Française et du Centre ait pu être un familier de Monsieur Raffarin avant d'occuper sa fonction actuelle. Mais ses initiatives des 24 et 30 décembre 2002 ne plaident pas en faveur d'un changement de comportement ni du Président que j'ai contribué à qualifier pour sa finale le 29 avril, ni du chef de la nouvelle équipe gouvernementale sensée réformer les pratiques des responsables de la précédente politique renvoyés à leurs études en juin dernier : Glavany, Gaymard et autres Dutreil même combat.

Manifestement nos dirigeants n'ont pas tiré les leçons des récents scrutins.

Il est évident que les quelques centaines d'électeurs qui ont manqué à Jospin le 29 avril, pour être qualifié au deuxième tour de la présidentielle, étaient des éleveurs touchés par une politique aberrante conduite dans la gestion d'une crise de la vache folle. Ce sont eux qui avaient voté aux législatives de 1997 avec l'enthousiasme dont on se souvient encore, pour envoyer à l'Assemblée Nationale, avec la complicité des membres du corps médical, la chambre rose qui nous a valu les mesures qu'il est urgent de réformer sur la mise en place de la semaine de 35 heures.

Je doute que Monsieur Raffarin, dans la ligne de la politique de communication qu'il avait définie lors de son avènement pour pallier les cafouillages des ministres de son prédécesseur, ait été au courant de l'intervention de Monsieur Duteil au micro de RMC la veille de Noël. Par contre, en ce qui concerne l'arrêté paru hier au Journal Officiel, il n'y a pas besoin de photo :

Article 1

Les carcasses et les pièces de découpe non désossées obtenues à partir de muscles attenant à la colonne vertébrale, à l'exclusion des vertèbres caudales, issues d'animaux des espèces ovine et caprine, ne peuvent être remises au consommateur final, en l'état ou après transformation, qu'après avoir été débarrassées de la moelle épinière.

Article 2

L'outil utilisé pour retirer la moelle épinière est réservé à cet usage. La moelle épinière ainsi retirée ne peut être mise à la consommation humaine ou animale.

Article 3

Par dérogation à l'article 1er, est autorisée la remise au consommateur final, en l'état ou après transformation, de viandes d'ovins ou de caprins non débarrassées de la moelle épinière et appartenant aux catégories suivantes :

a) Viandes issues d'agneaux ou de chevreaux d'un poids net carcasse inférieur à 12 kilogrammes ;

b) Viandes issues d'ovins ou de caprins nés, élevés et abattus dans les pays visés à l'annexe I de l'arrêté du 10 août 2001 modifié susvisé.

Article 4

Le présent arrêté s'applique pour les animaux abattus après le 1er mars 2003.

© Direction des Journaux Officiels

J.O n° 2 du 3 janvier 2003 page 132

Pour que ce nouvel arrêté ne soit que copie conforme de ceux qu'auraient pu prendre l'ancien gouvernement en la matière, il n'y manque que la signature du Ministre de la Santé. De là à penser que le sensé François Mattéi puisse avoir une autre idée sur la question, il n'y a qu'un pas que vous me laisserez franchir allègrement. Une seule bonne nouvelle dans ce morceau choisi de littérature administrative : il n'y a pas prion dans la queue de mouton!

Et maintenant si vous êtes un accroc des barons d'agneau rotis comme en Périgord, de la selle d'agneau aux petits légumes printaniers ou des gigots d'agneau de pré-salé aux petits pois à ma mode, commandez-les vite par internet à un boucher de Nouvelle-Zélande, ou rabattez-vous sur le congelé. Aux antipodes, il paraît qu'on ne voit plus de moutons qui tremblent.

Quant à la ruine de l'élevage ovin français, n'ayez crainte, il est déjà en route.

Perseverare diabolicum...

En persévérant sur le même registre, Renaud Dutreuil, qui a chaussé le 24 décembre les bottes du Grand Pourfendeur de prions, au secours de Madame le juge d'instruction chargée des intérêts des familles de victimes du "nouveau variant", a défaut d'une notoriété méritée, va peut-être hériter d'un surnom. Il est vrai que, quand on est domicilié rue de Pisseloup, à Montreuil-aux-Lions, il est trop facile de se faire brocarder...