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n°10
Lettre ouverte à un journaliste
Cher Monsieur,
Comme la plupart des journalistes, vous avez été
abusé par les scientifiques en charge du dossier de la vache folle.
Après le retour de la viande de boeuf britannique
dans nos assiettes, l'arrêt partiel du massacre de troupeaux entiers
suite à une recherche systématique de prions erratiques,
qui n'a d'autre justification que de rassurer des consommateurs "mésinformés"
sur la réalité du risque éventuel qu'il risquent
de courir, après la possibilité qui nous est enfin rendue
de consommer du ris de veau dont le propriétaire n'avait que le
défaut d'avoir été nourri avec des aliments remplaçants
du lait à base de suif de boeuf, il serait temps d'informer objectivement
les consommateurs de la réalité de la situation : pour continuer
à consommer comme nous le faisons à présent dans
un environnement de gaspillage, il est urgent de recycler les carcasses
de dinde dont nous ne poêlons à peu près plus que
les escalopes, celles des poulets dont nous n'ingérons plus que
les blancs, les pilons et les moignons d'ailes, les coffres et les têtes
des lapins dont nous ne cuisinons plus que les rables. Et ce recyclage
il ne peut se faire que par la ré-introduction des farines fabriquées
avec ces "déchets" dans les aliments du bétail
destinés aux porcs, aux volailles, aux chiens et aux chats, au
poissons d'élevage... et aux petits zoiseaux.
N'en déplaise à Noël Mammère,
ce politique qui a fait ses classes dans votre corporation, je préfère
risquer d'attraper une maladie improbable, que d'avoir à respirer
la dioxine qui sera émise dans l'air par les fours crématoires
sensés éliminer des denrées supposées dangereuses.
Quant aux risques du stockage de centaines de milliers de tonnes de matières
alimentaires putrescibles et bien appétissantes pour les rôdeurs
et les rongeurs, mieux vaut n'en pas parler.
Comme vous avez participé au façonnage de
l'opinion de vos lecteurs, ayant abouti à la mise en place des
mesures sans objet, qui entraînent la ruine des éleveurs
français et aboutissent à surpayer le bifteck de notre quotidien
de 1 à 2 euros de plus au kilo, je vous verrais très bien
prendre la tête d'une opération d'information du public destinée
à lui faire changer d'attitude et rapporter certaines mesures non
justifiées à présent que les peurs des années
90 se révèlent sans fondement. Car il ne faut pas compter
sur des politiciens frileux pour sortir de l'impasse. Ils est d'ailleurs
invraisemblable que les "scientifiques" qui se sont trompés,
et qui nous ont trompés, soient si discrets sur l'évolution
des évènements et ne reconnaissent pas publiquement l'erreur
qui a été commise en matière de l'évaluation
du risque et de l'application erronnée d'un principe de précaution
dont il faudra bien, un jour ou l'autre, mieux définir les contours.
Je crois bien que, une fois de plus, je suis en train de
prêcher dans le désert, mais j'ai quand même un petit
espoir (tout petit-petit!).
Je vous prie de croire néanmoins, cher Monsieur,
que j'appécie en général votre façon d'aborder
les sujets dont vous traitez.
Maurice LEGOY
Docteur-Vétérinaire
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