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ENFIN, L'EMBELLIE !

Il doit bien y avoir un problème dans l'application du fameux "principe.

Voilà que la commission de Bruxelles vient d'adopter, le 2 février 2000, une communication sur la façon dont elle entend recourir au principe de précaution. On peut trouver des éléments de cette discussion dans http://www.larecherche.fr/VIEW/330/03300732.html.

G. Frantzen, de l'Institut Européen des Cindinyques, y voit un "progrès certain dans l'emploi de ce concept trop diversement utilisé, jusqu'au dogmatisme ou à la pire démagogie que suscite la notion de risque".

La Préfecture du Cavados vient (le communiqué de l'Associated Press est daté du vendredi 31 mars 2000, à 0h15) "préconiser" à la Fromagerie Thébault (Groupe Triballat) à Boissey, dans le Calvados, de procéder au retrait de divers lots de livarots, suite à la mise en évidence de "Listeria monocytogenes sur un "Quart de Livarot", prélevé, si mes informations sont bien exactes, dans la vitrine réfrigérée des fromages "à la coupe" de l'Hypermarché Continent, à Mont Saint Aignan.

"Ces produits avaient bénéficié de contrôles à chaque étape de la fabrication et, en particulier, avant leur mise sur le marché", a souligné, dans un communiqué, la fromagerie située à Boissey. "Les résultats s'étant tous révélés conformes, les produits ont donc été commercialisés.

Enquête faite, il semble bien que le "quart" en question , prélevé par un(e) inpecteur (trice) de la DGCCRF, était à la limite de la DLUO (21/03/00), et avait séjourné depuis quelque temps dans ce bac réfrigéré, depuis un temps indéterminé, en compagnie de quelques spécimens d'origine non précisée, en un lieu qui ne doit pas être désinfecté au rythme des lieux où sont habituellement fabriqués de nos jours les fromages au lait cru !

Il est probable que ces conditions aient été favorables à la contamination d'un fromage sain au sortir de l'usine de fabrication, dans un environnement favorable au développement des listeria (quelques degrés centigrades), sur un fromage où les micro-organimes, responsables de l'affinage et concurrents efficaces inhibant ou ralentissant le développement de la "terrible" bactérie, ne pouvaient jouer le rôle qu'ils exercent normalement, à la grande satisfaction des gourmets et avec l'efficacité que fait deviner le peu d'accidents de listériose relevés à présent en France, soit 6 % des deux cents cas dénombrés chaque année d'une maladie soumise à présent à déclaration obligatoire. Il est aussi bon de rappeler qu'il y a autant de chance de contracter une listériose en consommant des fromages fabriqués avec du lait pasteurisé; Et là encore on peut être en mesure de confirmer que les deux morts, qui avaient déclenché la première grande émotion suite à une listériose contractée par une personne ayant consommé de l'Epoisses en 1998, ces deux premières victimes avaient ingéré un Epoisses fabriqué avec du lait pasteurisé, dans l'atelier d'un artisan fromager qui n'avait pas l'autorisation de vendre de fromages d'appellation "Epoisses"! Et l'épisode du célèbre camembert Lepetit, prélévé lui aussi, dans la vitrine réfrigérée d'un marchand de fromages de Bruxelles, ne peut que confirmer la suspicion que l'on peut légitimement avoir sur la réalité de la mise en cause de la fromagerie incriminée. Parce que des Lepetit à la louche, mécanique s'entend, cela existe bel et bien, mais au lait cru, vrai de vrai, j'ai le droit d'être sceptique, étant donné les risques qu'une contamination éventuelle du lait collecté feraient courir à la laiterie. Il ne faut pas être plus royaliste que le roi.

Naturellement, comme à peu près toujours en pareil cas, la contre-analyse effectuée sur les échantillons des livarots conservés par la laiterie de Boissey sur le lot incriminé ne confirment pas la première trouvaille. Reportez-vous au déroulement des mises en cause du Saint Félicien, et plus récemment le feuilleton des rillettes et langotines de porc (bis repetita).

Je ne sais qui est intervenu pour diriger cette dernière affaire de listeria. Il est évident qu'il n'est pas possible de parler de listériose, en raison de ce fait que tous peuvent constater : les analyses donnant trait à tous ces retraits de la consommation, bien souvent des semaines après les premiers achats des consommateurs, ne semblent pas avoir déclenché d'épidémie, si ce n'est l'épidémie verbale (verbeuse plutôt) des commentateurs. Où sont-ils donc ces morts, ces malades, ces indisposés contaminés par ces centaines de tonnes de fromages vendus avant que leurs frères d'infortune n'aient été mis en cause, et que des centaines d'autres tonnes de sains fromages n'aient été envoyées au pilon au motif du principe de précaution ?

Dans de telles circonstances, les professionnels prennent le profil bas. Devant la perspective d'une fermeture de leurs ateliers de fabrication et d'affinage, ils se résignent à ne pas trop se mettre au travers de décisions administratives plus ou moins fondées et plus ou moins arbitraires, en espérant la mansuétude des "fonctionnaires" qu'ils ont en face d'eux, qui se comportent comme s'ils craignaient d'être responsables de milliers de cas d'intoxication, avec des milliers de morts à la clé, seuls devant le déroulement inéluctable de processus enclenchés par la constatation d'une "certaine" contamination d'un échantillon prélevé généralement dans des conditions qui, trop souvent, ne sont pas réglementaires! Hors de normes, dont les acteurs eux-mêmes sont incapables de justifier le bien-fondé, la justification.

Hier matin, à la Direction des Services Vétérinaires du Calvados, c'était profil ras de terre. Opportunément parti vers d'autres cieux plus cléments (?), le directeur en charge au moment du déclenchement de l'opération retrait de la consommation n'avait manifestement pas laissé de consignes. "On" ne savait pas qui, "On" savait très bien où, mais "On" ne savait pas pourquoi, le seul "on" qui pouvait peut-être s'expliquer (et m'expliquer), ce ne pouvait qu'être la victime de toutes ces péripéties. Circulez : y'a plus rien à voir !

C'est vraiment le monde à l'envers, et "on" marche sur la tête". Que ces messieurs-Dames commencent à se l'appliquer, eux, le principe de précaution :

  • la précaution de savoir qui et dans quelles circontances les prélèvements on été effectués;

  • quelle contre-analyse a confirmé la première trouvaille ?

  • quel sérotype, lysotype de listeria est-elle en cause dans le cas considéré ?

  • y-a-t-il une quelconque suspicion au regard des personnes qui auraient pu consommer le produi incriminé ?

  • faut-il alerter les autorités, la presse, le public ?

  • est-il vraiment indispensable "d'ouvrir le parapluie" ?

La Commission de Bruxelles a pourtant déjà défini les conditions d'utilisation du terrible" principe de précaution, en adoptant une communication sur la façon dont elle entend recourir au principe de précaution. Renonçant à définir ce concept de pure "éthique politique", elle donne des objectifs de "gestion raisonnable" des risques, écartant les perceptions "irrationnelles". Elle propose une "approche structurée". Le principe de précaution est un principe d'application générale, qui doit être pris en compte dans les domaine de la protection de l'environnement, et de la santé humaine, animale et végétale.

L'invocation du principe de précaution est une décision prise lorsque les informations scientifiques sont incomplètes, peu concluantes ou incertaines, et lorsque les effets possibles sur l'environnement, la santé humaine, animale ou végétale pourraient être dangereux avec le niveau de protection choisi. La commission met en particulier en garde contrre la confusion fréquente entre le principe de précaution, que les décideurs utilisent essentiellement dans la gestion du risque, et l'élément de prudence que les scentifiques appliquent dans l'évaluation des donnéés scientifiques.

La commission insiste sur la nécessité de l'évaluation scientifique préalable à toute décision. Une approche fondée sur le principe de précaution devrait commencer par "une évaluation scientifique aussi complète que possible et déterminer à chaque étape le degré d'incertitude scientifique. Au moment de décider, les acteurs en question devraient envisager une évaluation des conséquences potentielles de l'absence d'action et des incertitudes scientifiques.

Le choix du niveau de protection incombe aux politiques : définir ce qui est un niveau risque "acceptable" est une responsabilité eminemment politique. La commission précise que le principe de précaution n'est pas la recherche d'un niveau "zéro" du risque, qui n'existe pratiquement pas , et même que, " dans certains cas, la bonne réponse des autorités pourrait consister à ne pas agir ou, du moins, ne pas prendre une mesure juridique contraignante".

Quelqu'elles soient, ces mesures doivent être :

  • "proportionnées au niveau de protection recherché;

  • "ne pas introduire de discriminations dans leur application;

  • "être cohérentes avec des mesures similaires déjà adoptées.

Elles doivent être basées sur un examen des avantages et des coûts potentiels de l'action ou de l'absence d'action, y compris, (le cas échéant et dans la mesure du possible), une analyse de rentabilité économique.

"être réexaminées à la lumière des dernières données scientifiques"

"Une interdiction totale peut ne pas être, dans certains cas, une réponse appropriée à un risque potentiel"