ILS EN ONT DANS LA TRIPE !
Vous êtes prudent, Monsieur le Ministre, mais il faut
décider et il vous faut convaincre vos collègues du gouvernement .
Je vous en prie : ne sombrez pas dans le ridicule.
Il suffit du roman des fromages au lait cru et du feuilleton de la listeria
dans les produits de charcuterie. Echaudé, vous devriez vous méfier.
Je ne sais si la constitution de l'AFSSA pourrait être un progrès sur
l'ancienne structure, le CNEVA. Ce dont je suis convaincu par contre,
c'est que votre Monsieur Hirsch n'est pas l'homme de la situation et
les exposés de Madame Brugère-Picoux ne me feront pas changer d'avis
sur la dangerosité de la nouvelle forme de la maladie de Creutzfeldt-Jacob
(CJD) sur la santé de mes petits-enfants, qui mangent onglet et foie
de veau avec délices. Pis, nous leur apprenons à apprécier la véritable
andouille de Vire et le saucisson à l'ail de notre voisin boucher, qui
en est encore à éplucher de l'ail pour le fabriquer !
Je viens de ressortir les statistiques de l'organisme chargé outre-Manche
de la surveillance de l'évolution de la CJD au Royaume-Uni. En 1999,
en dépit des pronostics alarmistes antérieurs, la maladie a fait "seulement
67 victimes (85 en 1998, 80 en 1977). Or l'incidence "normale" chez
les populations de race blanche de la CJD est de 1 cas par million d'habitants
et par an. Aux Etats-Unis, exempts de l'épidémie de BSE jusqu'à présent,
ce chiffre est confirmé, la maladie semblant moins fréquente chez les
sujets de race noire.
En Grande-Bretagne, la nouvelle forme de la maladie, qui atteint les
personnes de moins de 50 ans (contrairement à la forme classique qui
sévit chez des sujets dont l'âge médian est de 65 ans), a été jugée
responsable de 12 mortalités en 1999. A ce jour (2 mai 2000), il y a
4 morts de la nouvelle forme depuis le 01/01/2000, plus un dont on attend
les résultats d'autopsie, et 10 personnes atteintes de cette nouvelle
forme et encore en vie.
Autant que je me souvienne, on a du dénombrer en France 2 cas de cette
forme l'an dernier. Car autre chose est de transmettre la maladie à
des macaques en leur injectant du prion dans la cervelle, et autre chose
est de déclencher l'affection en faisant absorber de la cervelle ou
de la moëlle épinière à des chrétiens. C'est que le risque de contracter
l'affection au travers de l'ingestion intestinale est de 1.000.000.000
fois moindre que l'expédition du dit prion dans le crâne.
Alors, ressortir le trop fameux principe de précaution pour obliger
les artisans charcutiers à emballer leur chair à saucisse dans du plastique,
je puis vous assurer que cela ne va pas vous faire que des amis! Et
en vertu du même principe, si j'étais que de vous, je me méfierais de
ces ingrédients dérivés de l'industrie du pétrole, si riche en composés
pas si innocents que cela dans l'étiologie de certains cancers...
Quand vous confierez, à l'avenir, une mission d'évaluation des risques
à une commission d'experts, nommez donc, à côté de ces Messieurs qui
connaissent tout des dernières publications sur le sujet, quelques personnes
douées d'un peu de bon sens et qualifiées pour appréhender, sans idée
préconçue, une situation un peu délicate.